Vous, jeunes talents d’aujourd’hui, suite à la fronde que vous avez soulevé lors de votre cérémonie de remise des diplômes, nous nous permettons humblement de vous adresser cette réponse.

Nous ne prétendons pas être hors système, hors capitalistes ou “anti” quoi que ce soit. Nous souhaitons dans la mesure de nos possibilités apporter des solutions réalistes qui permettent à notre communauté d’agriculteurs, transformateurs, commerçants de vivre dignement de son labeur en vendant ses produits à des prix justes et non pas d’être tributaire de contrats léonins avec de grands groupes.
Nous sommes dans l’économie de la vie et cela ne changera jamais !

Vous, talents de demain, avez le devoir de contribuer à la société de demain et non pas simplement déserter, avoir des convictions ne suffit pas, il faut les assumer et agir ! Cette lettre ouverte vous invite, vous et tous ceux qui se battent pour les mêmes aspirations, à nous rejoindre.

“Nous ne croyons pas que nous avons besoin de « toutes les agricultures ». Nous voyons plutôt que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre. Nous ne voyons pas les sciences et les techniques comme neutres et apolitiques. Nous pensons que l’innovation technologique et les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme. Nous ne croyons ni au développement durable, ni à la croissance verte, et pas plus à « la transition écologique », une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu’on se débarrasse de l’ordre social dominant.”

Je vous enjoins à donner plus de crédit aux startups, j’ai eu personnellement vent de votre action grâce à une recommandation Google que je vais utiliser comme exemple pour soutenir mon propos. En effet, Google permet aux gens comme vous et moi de trier, chercher et de recevoir des recommandations d’information. Google vous permet d’exister, de relayer vos propos, de créer de la discussion, voir de rallier des gens à votre vision. De plus, ayant brièvement travaillé pour l’un de leur service, je peux vous dire que le grand public ne donne que peu de crédit à l’immense travail accompli par ces derniers et autres GAF… pour limiter l’accès aux informations néfastes. On ne voit que les côtés négatifs, et il y en a beaucoup, mais je pense sincèrement qu’Internet aujourd’hui bien que plus addictif, qu’avant est débarrassé de BEAUCOUP d’idées toxiques. Si l’humain en conjonction avec le système capitaliste ont failli dans son devoir de protection de la vie, la technologie peux logiquement être une piste à essayer. Je me permets également de vous appeler à reconsidérer l’emploi du mot débarrasser qui semble un peu fort, je pense que “les acteurs de l’ordre social dominant” partagent ces aspirations, on en est aujourd’hui, en 2022, à parler de survie du vivant, en fin de compte, on a tous les mêmes objectifs, juste des priorités et horizons temporels différents. L’économie de la vie, comme le dit Jaques Attali se doit d’agir pour les intérêts des générations futures.

“Inventer des labels « bonne conscience » pour permettre aux cadres de se croire héroïques en mangeant mieux que les autres ; développer des énergies dites « vertes » qui permettent d’accélérer la numérisation de la société tout en polluant et en exploitant à l’autre bout du monde ; pondre des rapports RSE (Responsabilité sociale et environnementale) d’autant plus longs et délirants que les crimes qu’ils masquent sont scandaleux ; ou encore compter des grenouilles et des papillons pour que les bétonneurs puissent les faire disparaitre légalement.”

Nous pensons au contraire que les labels vont dans la bonne direction, premièrement, car ils permettent de donner un prix aux actions vertueuses. Rappelez-vous vos cours d’économie, c’est par le mécanisme des prix qu’on limite les excès de vitesse sur la route, les émissions de carbone et bien d’autres comportements néfastes. Donnez une prime aux producteurs qui prennent certains engagements, c’est tout simplement leur apporter soutient à continuer. De plus, les labels permettent aux gens de prendre conscience qu’ils ont un pouvoir en tant que consommateur de voter par leurs achats. Si on ne donne pas la possibilité aux consommateurs de s’affirmer en tant que membre d’une communauté, bio, fair trade ou Farmnetz, on arrivera plus difficilement à changer les choses.

“Ici et là, nous avons rencontré des personnes qui expérimentent d’autres modes de vies, qui se réapproprient des savoirs et savoir-faire pour ne plus dépendre du monopole d’industries polluantes ; des personnes qui comprennent leur territoire pour vivre de lui sans l’épuiser, qui luttent activement contre des projets nuisibles, qui pratiquent au quotidien une écologie populaire, décoloniale et féministe, qui retrouvent le temps de vivre bien et de prendre soin les uns et les unes des autres. Toutes ces rencontres nous ont inspiré.es pour imaginer nos propres voies.”

C’est cela que nous mettons en avant, les compétences artisanales, les territoires, de plus notre algorithme de recommandation mettra toujours en avant la production locale et l’humain.

“Et surtout ne laissons pas filer cette énergie qui bout quelque part en nous ! Désertons avant d’être coincés par des obligations financières. N’attendons pas que nos mômes nous réclament des sous pour faire du shopping dans le métavers, parce que nous aurons manqué de temps pour les faire rêver à autre chose.”

Assumez vos propos, si vous désertez, c’est que vous abandonnez, ne vous repliez pas non plus dans une ferme isolée pour vivre en autarcie. Nous n’avons pas vocation à changer le système capitalisme entièrement, on sait que par une solution technologique on peut redonner du pouvoir à ceux qui nous nourrissent, combattre la sélection industrielle et valoriser nos territoires. C’est là notre mission. Vous, talents d’aujourd’hui et demain, rappelez-vous que vous êtes les fruits les plus précieux de ce système, rejoignez nous, ne soyez pas des ressources gâchées !

Author

  • Jonathan Yao-Bama

    Jonathan is a Founder at Farmnetz, passionate about food and coding. He has a master's in economics and background in finance. He likes to discover new foods and creative ways of using natural products to make the world a better place. His favorite animal is a lion

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